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Lorsqu'on est aidant d'un parent, il faut avoir conscience que tout s'arrêtera un jour

Un aidant en deuil assis sur un ponton contemple la mer
Lieu de résidence

France

Suite au décès de son père, dont elle a été aidante pendant quatre ans, Corinne revient sur l’importance d’avoir conscience que tout va s’arrêter un jour et d’en parler quand on en ressent le besoin.  

Mon père a fait un AVC en 2018. Après trois mois d'hospitalisation, il a pu revenir chez lui. Je me suis occupée de lui avec l'aide d'une auxiliaire de vie (elle prenait le relais quand je travaillais), d'une aide-ménagère et d’un orthophoniste. Les premiers temps se sont assez bien passés, malgré les difficultés des troubles cognitifs et l'incompréhension de certaines personnes. Mais l'AVC a laissé des séquelles, les troubles se sont accentués, et j'ai dû prendre la décision seule en août 2021 de placer mon père. Il a eu la chance de rentrer dans un Ephad de la Fondation Leopold Bellan (où il allait en accueil de jour). Le personnel s'est très bien occupé de mon père qui n'a jamais demandé à revenir chez lui.  

Mon frère et moi ne voulions pas d’acharnement 

En mars, j'ai vu mon père changer. Les signes ne trompent pas : mon papa ne mangeait plus beaucoup, parlait peu et ne dormait plus. Mi-avril, il était très très faible et j'ai pensé "papa ne finira pas l'année". Et je n'ai pas honte de l'avoir pensé, même si je ne disais rien. Début mai, l'Ephad m'a appelé pour me prévenir que mon père n'était pas bien et que le Samu était sur place. J'y suis allée en sortant de chez l'agent immobilier (nous venions de signer un compromis de vente pour sa maison). Le médecin m'a dit qu'il n'en n'avait plus que pour quelques jours. J'ai pu indiquer les dernières volontés de mon père, et expliquer que mon frère et moi ne voulions pas d'acharnement. Mon père a été emmené aux urgences, et malgré le covid, nous avons pu rester avec lui dans une chambre tranquillement. 

Je lui ai dit que nous étions des adultes et qu’il pouvait nous laisser 

La mort n'a jamais été un sujet tabou dans notre famille. Si bien que lorsque mon frère a posé la question à notre père : "papa est ce que tu as encore envie de vivre ?", il nous a fait non de la tête. Je lui ai alors dit que nous étions des adultes, qu'il pouvait nous laisser pour aller rejoindre notre mère et qu'il serait toujours avec nous. 10 minutes plus tard, il était dans le coma. Le lendemain matin, il est parti. La perte est dure bien sûr, surtout que je me suis occupée de mon père pendant quatre ans. Mais savoir qu'il ne souffre plus est important. 

Je continue de m'occuper de mon père pendant "quelques temps" pour ses papiers, et puis surtout, je parle mon expérience d’aidante auprès de lui, et de ma mère juste avant. En deux mois, j'ai perdu mon père, changé de travail et de lieux d'habitation. Mes parents sont partis, mais ils sont toujours là et la vie continue. Lorsque l'on est aidant d'un proche, c’est difficile, mais il faut se dire que tout s'arrêtera un jour en quelques secondes. Il est important de savoir se faire aider et trouver de l'écoute pendant notre vie d'aidant. Moi j'ai la chance d'avoir ma famille, un très bon médecin et le personnel de l'Ephad. Mais par moment, je ressens le besoin d'être seule pour me souvenir et pleurer, alors je mets mes chaussures et je pars marcher.  

Lorsqu’on a été aidant on le reste 

Pour moi, lorsqu'on a été aidant, on le reste. Dans quelques mois, lorsque le temps aura passé, je serais bénévole dans l'Ephad où était mon père. Si je peux aider une personne en passant un peu de temps avec elle, ou aider un proche aidant, j'en serais ravie.... Car il y a des choses qu'on ne peut se dire qu'entre aidants.  

Corinne, ancienne aidante de son père, victime d’un AVC.

 

Ma philosophie

Aider est une belle qualité que l'on garde toujours

Mon conseil pratique

Quand les larmes viennent, il faut les laisser couler, ne pas se cacher, ne pas s'excuser 

Type d'acteur
Groupements
Profil aide
Auteur
Bénédicte Demmer
Date de publication