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Perte d’autonomie du conjoint : quand faut-il faire les choses à sa place ?  

Une femme se demande si elle doit aider son mari handicapé pour ouvrir une porte
Lieu de résidence

France

Vous l’avez accompagné depuis toujours et vous le voyez perdre son autonomie, ne plus savoir choisir, décider… Pourtant, vous hésitez à "faire à sa place" : un passage difficile à vivre dans un couple. 

Les moments d’entraide font partie de l’histoire d’un couple. “Mais quand on en arrive à intervenir parce que l’autre perd en autonomie ou à cause d’un problème de santé, la situation change, note ainsi Pierre Charazac. Cette régression rend le quotidien plus difficile. Il faut tenir compte de la détérioration cognitive du conjoint pour l’aider au mieux.” Un curseur loin d’être facile à déterminer entre la peur de vexer l’autre, de trop en faire ou, à l’inverse, de passer pour celui ou celle qui laisse l’autre en difficulté.

Les risques d’un manque de stimulation si on aide de trop

Il est difficile de voir celui ou celle qu’on aime lutter au quotidien. L’envie d’aider est présente à chaque obstacle. Mais trop en faire peut avoir des mauvais côtés pour l’un comme pour l’autre. “J’ai tendance à faire à sa place lorsque je le vois en difficulté ou qu’il est trop lent. Cela a pu entrainer un certain confort chez lui et un manque de stimulation”, nous a confié Véronique aidante de son mari, atteint de la maladie de Parkinson.

S’imposer de tout faire pour l’autre, contribue également à l’épuisement de l’aidant dont la charge mentale est déjà lourde. Une conséquence que Guy, aidant de sa femme atteint d’une insuffisance respiratoire sévère n’a pas mesuré en voulant endosser complètement l’aide apportée à sa femme sans se faire aider. “Au bout d’un an et demi, j’ai craqué du jour au lendemain par épuisement”, nous a-t-il témoigné.

Parler de cette difficulté d’intervention avec son proche

Le psychologue concède aussi que le rôle du conjoint n’est pas simple. Surmonter sa peine seul est très difficile. “La situation du conjoint est paradoxale. Même s’il a des enfants, il est dans une grande solitude quand celui ou celle dont il partage la vie décline.” Repli, peur d’être jugé si l’on parle… Le conjoint cache souvent les difficultés à l’autre. Une situation qu’il faut éviter au maximum, pour éviter l’isolement psychologique de l’aidant.

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Avant de pouvoir décider pour l’autre, être en paix avec soi-même

Ça peut paraître paradoxal, mais avant de penser à décider à la place de l’autre, il faut d’abord être en accord avec soi-même. “Le conjoint doit se sentir serein, avoir un rapport à soi riche, construit et sûr de ce qu’il fait pour l’autre pour accepter ce qui va arriver, constate Pierre Charazac. C’est-à-dire savoir entendre les reproches, les choses négatives qui vont lui être dites." Car la personne malade pourra parfois se montrer dure envers celle qui l’aide. Une épreuve à laquelle, Guy, confirme ne pas avoir été assez préparé. “On m’a formé dans les gestes infirmiers, c’est vrai, mais personne ne m’a clairement expliqué que j’étais aidant et tout ce que ça allait impliquer.”

Avec beaucoup de bienveillance et de recul sur cette période, il se rappelle des choses difficiles que son épouse a pu lui dire et vice-versa. “On donne tout pour l’autre et le moindre reproche est difficile à accepter. Mais c’était par énervement et épuisement. Il faut avoir conscience que lorsqu’on est l’aidant le plus proche, il est normal de s’énerver beaucoup pour des choses sans importance. Dans ce cas, il vaut mieux se retirer tout de suite de la pièce un instant avant de dire des choses qu’on risque de regretter”.

Trouver la juste mesure pour intervenir

Quand surgit la question de savoir si le conjoint doit intervenir pour solutionner les choses, seul le jugement personnel aidera à la décision. “C’est comme un parent avec son enfant, note Pierre Charazac. Il est capable de savoir à quel moment, il fait les choses bien, malgré les remarques parfois dures des enfants, car il a des repères intérieurs suffisamment solides.” Pour décider à la place de l’autre, il faut donc trouver une juste mesure. Cela passe d’abord par la connaissance que l’on a de son conjoint, l’ajustement qu’il faut trouver entre la nécessité d’afficher ce que l’on fait et le besoin d’agir sans le consentement explicite de l’autre. “Soit il faut afficher clairement les choses, soit il faut être dans la subtilité, tout dépend des situations”, affirme Pierre Charazac.

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Type d'acteur
Profil aide
Auteur
Equipe Ma Boussole Aidants
Date de publication